Les usines de semences, des bijoux de technologies

14.10.2025

Avant d’arriver dans le semoir des agriculteurs, les semences de maïs suivent tout un parcours depuis la récolte des épis. À chaque étape, les grains font l’objet de la plus grande attention, appuyée par des technologies de pointe sans cesse améliorées. L’enjeu : assurer la qualité germinative de chaque graine. Daniel Loubère, responsable de l’usine de semences de Lescar de Lidea, nous en dit plus.

Tout commence dès le semis, dans les parcelles de multiplication, de rangs de maïs mâles et femelles, en alternance. En fin d’été, après la fécondation des rangs femelles par les mâles, les mâles sont broyés au champ tandis que les épis de maïs des plantes femelles sont récoltés. Les cueilleurs, adaptés pour cette espèce, collectent l’épi entier : les feuilles sont ensuite éliminées dans une station de tri, en prenant le plus grand soin de ne pas abimer les grains. Les épis sont déposés dans des bennes à double-fond acheminées ensuite dans des cellules de ventilation. « La première étape de ventilation, à froid, dure environ 24 h, détaille Daniel Loubère, responsable de l’usine de semences de Lescar.
L’objectif est d’éviter que les grains ne s’échauffent : un phénomène qui pourrait altérer le potentiel germinatif des futures semences. » Dès cette étape, chaque lot est répertorié – nom de la variété, nom du producteur – et renseigné d’un point de vue qualitatif : présence éventuelle de parasites, de maladies…

Préserver la qualité germinative, une priorité

Les lots sont alors orientés, selon leurs spécificités, vers trois séchoirs : deux fonctionnent au gaz et un via une pompe à chaleur. « L’usine de Lescar est en mesure d’absorber près de 1000 tonnes tous les 2,5 jours et dispose d’une capacité de stockage de 3000 tonnes réparties en 20 cellules par séchoir ce qui permet un allotement pointu des différents volumes réceptionnés », détaille-t-il. Selon le taux d’humidité des grains, cette seconde phase de séchage dure en moyenne 72 h : l’idéal étant de récolter le maïs entre 32 et 34 % d’humidité, puis de le ramener aux environs de 12,5 %. « À ce stade, le grain « dort », précise-t-il. C’est la mise en terre et le contact avec l’humidité du sol qui, en temps voulu, le « réveillera ». »

Place ensuite à l’égrenage, une étape qui consiste à séparer les grains des épis en prenant soin de ne pas endommager le germe, très fragile. « Les machines sont équipées de ralentisseurs pour éviter les chutes car tout grain présentant un impact ne germera plus », souligne Daniel Loubère.
Chaque lot est alors nettoyé, trié, calibré. Autant d’étapes où les progrès technologiques se sont imposés au fil des années : trieurs optiques, séparateurs densimétriques, infrarouges… Même l’intelligence artificielle a fait son entrée dans les usines pour accroître la performance et la rapidité des processus. Le premier passage des grains se fait sur le séparateur (à plat ou rotatif), puis sur des calibreurs équipés de tamis de différents calibres pour trier les graines en fonction de leur taille. Un trieur optique et des tables densimétriques permettent ensuite de repérer et d’éliminer tout grain dont la forme, la taille ou la couleur ne correspond pas aux critères souhaités. Les grains cassés sont également écartés. « Toutes ces étapes se déroulent sous aspiration contrôlée pour limiter l’émission de poussières et préserver le confort des salariés », souligne-t-il.

Tout le travail au sein de l’usine vise à produire des semences de qualité et de forme homogènes : de ce critère dépendra la fluidité d’écoulement des grains dans la trémie du semoir et donc, de la qualité du semis. « À chaque étape, un échantillon est prélevé et analysé, sous six jours, pour vérifier que la qualité germinative du lot n’a pas été dégradée au fil des différents process », ajoute-t-il.

Réactivité, performance et fluidité accrues

Une fois ces étapes réalisées, les grains sont acheminés dans des silos, cellules ou containers pour être stockés en attendant les prochaines échéances : application des traitements de semences et ensachage. « Rien que sur le site de Lescar, nous disposons de 5000 containers, tous QR codés pour une traçabilité optimale, explique Daniel Loubère. L’apport des nouvelles technologies à chaque étape nous permet de gagner en fluidité, réactivité et performance pour une qualité irréprochable ». Pour rappel, toutes les semences récoltées ne sont pas utilisées l’année suivante : la constitution d’un stock représente une vraie sécurité pour l’usine, et pour le marché national.

Chaque lot est ensuite déstocké en fonction des besoins des clients, en respectant les ordres de fabrication, émis par les commerciaux. « Les semences passent alors dans la partie dite « rouge » de l’usine : là où ont lieu les enrobages de semences avec différents traitements. Le recours à des biosolutions est de plus en plus demandé, constate-t-il. Pour chaque profil souhaité, nous devons suivre une « recette » précise : temps et vitesse d’injection du produit, durée du malaxage, du séchage… afin d’être certains d’appliquer la bonne dose sur chaque graine pour une efficacité optimale une fois en terre. Et ce, sans altérer la forme de la graine ! » Un vrai savoir-faire dont la qualité des processus évolue sans cesse. Place ensuite à l’ensachage avant les ultimes étapes de stockage et de livraison au client final.

Le saviez-vous ?

Il faut, au minimum, dix semaines entre la date de récolte des parcelles de multiplication de semences de maïs et la sortie de l’usine des sacs de semences, triées, nettoyées, calibrées et traitées. Une durée qui tient compte des tests de germination réalisés à chaque étape clé du processus : chaque test nécessitant en moyenne six jours.

Enquête

Mesdames et Messieurs,
Dans le cadre du projet "Le maïs, un atout pour notre avenir", nous vous invitons à remplir un questionnaire anonyme. Toutes vos réponses seront codées par ordinateur et compilées dans des graphiques et des tableaux récapitulatifs. Nous vous remercions pour votre participation.
Enquête